Appel à la mobilisation citoyenne pour des États Généraux de la Jeunesse

Les adultes d’aujourd’hui et d’hier ont une dette considérable envers les jeunes générations : dette écologique, dette financière, dette sociale. Cette dette doit être honorée par la mobilisation massive et urgente des esprits et des actes de tous les citoyens.  

La crise sanitaire, économique et sociale la plus grave depuis près d’un siècle s’installant dans la durée, le risque de déperdition d’énergie et d’espoir de la jeunesse est devenu une menace majeure imminente, impactant le devenir même de notre société et sa marche vers davantage de progrès collectif. Le risque de décrochage de la jeunesse n’est pas moins grave que le risque écologique, il est cumulatif.  

Nous devons, toutes et tous, sans exception, nous mettre au service de l’envol des jeunes. Se dérober serait entériner leur abandon. Dans toute leur diversité, ils sont les garants et les acteurs du monde de demain.

Les conséquences de la pandémie entravent la capacité des jeunes à se projeter dans l’avenir, et amplifient les fractures de la société, au sein de la jeunesse, et entre les générations. Aujourd’hui une majorité de jeunes est empêchée d’étudier, de travailler, de se cultiver, de se rencontrer, d’aimer, et pour certains de se nourrir, se soigner, et se loger. Le risque sanitaire de la pandémie cache un autre risque encore plus considérable : le risque sociétal et l’effondrement même de structures de la citoyenneté et de fondations démocratiques. Il faut donc résolument changer d’ambition et décréter la jeunesse comme grande cause citoyenne en France, en Europe et dans le monde. Même si des actions ont déjà été engagées par des gouvernements et des entreprises sur certains sujets immédiats, le risque d’une génération durablement sacrifiée est intolérable.

Cela implique une mobilisation de toutes et tous. Chacune et chacun, entrepreneur, salarié, retraité, indépendant, agent public, ouvrier, agriculteur, artisan, enseignant, chercheur, employé, cadre, investisseur, chômeur, étudiant, apprenti, artiste, journaliste, militant syndical, bénévole associatif, parent ou grand parent, visible comme invisible, doit pouvoir répondre à deux simples questions :

– qu’est-ce-que je fais, moi, personnellement et concrètement pour des jeunes ?

– quelles décisions pour la jeunesse doivent être prises par les pouvoirs publics, les dirigeants d’entreprises, et les institutions internationales ?

La promotion de cette cause concerne au même titre les individus, les ONG et associations, les gouvernements et les collectivités territoriales, les entreprises, les investisseurs, les institutions publiques et privées, les partis politiques et les organisations syndicales.

Il serait absurde, inutile et dangereux de décréter la mobilisation générale pour la jeunesse, sans la participation des jeunes eux-mêmes. Étudiants, lycéens, apprentis, alternants, jeunes professionnels, jeunes en insertion, stagiaires, demandeurs d’emploi, urbains ou ruraux doivent être le moteur et l’âme de cette dynamique. Tous les vecteurs de communication doivent être mobilisés, à commencer par les réseaux sociaux, les médias traditionnels, les associations ainsi que les circuits informels. 

Pour  lancer la dynamique, avec d’autres acteurs de changement, nous proposons que soient organisés, partout dans les territoires en France et en Europe, des États Généraux de la Jeunesse rassemblant toutes les parties prenantes de cette prise de conscience active. Ils auront pour but d’élaborer avec, par et pour les jeunes un projet de plan Marshall de la jeunesse, dans toutes les dimensions de la vie. Notre ambition et notre audace collectives doivent être à la hauteur de ce qui a prévalu pour reconstruire l’Europe après la deuxième guerre mondiale. L’enjeu est l’avenir de la jeunesse, l’enjeu est notre avenir.

#avenirdesjeunes sera le vecteur de la communication et de diffusion de cet appel citoyen.

Appel signé par Pascal Lamy, Président du Forum de Paris pour la Paix et publié dans le Parisien le 4 mars 2021

Lien vers l’article du Parisien