Opinion | Renforçons la coopération transatlantique pour sauver le climat

Dans une tribune, Pascal Canfin et 100 décideurs européens appellent l’Union européenne et les Etats-Unis à travailler ensemble pour verdir leurs économies.

Par Pascal Canfin (président de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen), Collectif Publié le 13 avr. 2021

Nous nous félicitons des engagements pris par la nouvelle administration Biden-Harris visant à renouer avec la lutte contre le changement climatique et saluons le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat. Des deux côtés de l’Atlantique, nous partageons désormais le même objectif : atteindre la neutralité carbone d’ici 30 ans, en 2050.

L’alliance entre les Etats-Unis et l’Europe est essentielle pour lutter contre le changement climatique et garantir une transition juste et durable. Ensemble, nous pesons pour environ 25 % des émissions mondiales de CO2 et 40 % du PIB mondial. Nous représentons un marché de 800 millions de personnes. Les Etats-Unis sont l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Europe. En agissant ensemble, nous pouvons faire la différence et réussir la transition dont nous avons besoin au niveau global.

L’Europe, un leader mondial

Six mois après les élections européennes de mai 2019, l’Europe a mis sur la table le plus grand plan de transition à l’échelle d’un continent : le Pacte vert européen. Certains pensaient que la crise de la Covid-19 allait altérer cette ambition mais, au contraire, l’Union européenne (UE) a choisi d’accélérer la transition écologique. Nous déployons un plan de relance qui va à la fois sauver et transformer notre économie en l’alignant sur la trajectoire de l’accord de Paris. Il permettra de mobiliser 250 milliards d’euros pour la lutte contre le changement climatique en seulement trois ans. C’est le plus grand choc d’investissements verts jamais décidé en Europe ! Nous avons également assuré qu’aucun financement n’aurait un impact négatif sur le climat et l’environnement. Nous sommes fiers de cette réussite et nous espérons que les Etats-Unis suivront la même direction avec leur plan « Build back better ».

L’UE est aujourd’hui leader en matière d’ambition climatique. Nous avons déjà adopté notre nouvel objectif climatique pour 2030 et développons une nouvelle taxonomie pour les investissements verts. L’une des pierres angulaires de cette ambition est notre loi européenne sur le climat qui grave nos objectifs climatiques dans la loi. Grâce à cette législation, nous avons un chemin clair afin d’atteindre nos objectifs pour les prochaines décennies.

Au cours des 18 prochains mois, nous allons amorcer une transformation systémique : notre manière de produire, consommer, se déplacer, se nourrir ou encore d’échanger avec le reste du monde vont profondément évoluer. L’objectif de ce changement sans précédent : faire en sorte que toutes nos politiques contribuent à la lutte contre le changement climatique.

Pour cela, nous allons demander à nos industries qu’elles deviennent plus vertes et qu’elles investissent davantage dans les technologies à faible émission de carbone grâce à un prix du carbone plus élevé. Tout en engageant ces réformes, nous devrons garantir des conditions de concurrence équitables face à ceux qui ne joueraient pas le jeu. C’est le sens du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières qui sera présenté en juin.

Une histoire commune

Les Etats-Unis et l’UE sont confrontés à des défis différents dans la transition vers la neutralité carbone. Alors que l’UE dépend des importations d’énergie pour satisfaire la moitié de ses besoins énergétiques, les Etats-Unis, en revanche, ont commencé à exporter davantage d’énergie qu’ils n’en importent. Au-delà de ces différences, nous avons un programme commun et nous devons nous engager dans des réformes communes. Nous partageons également la même préoccupation : la transition doit être juste et équitable pour éviter de pénaliser nos citoyens, nos travailleurs et nos industries. C’est pourquoi nous devons renforcer notre coopération et travailler ensemble pour décarboner nos systèmes énergétiques, verdir nos systèmes financiers, déployer des véhicules zéro émissions et accélérer la rénovation des bâtiments.

Cette décennie est cruciale pour lutter contre le changement climatique ! La crise climatique n’a aucune couleur politique, aucune frontière, et aucun vaccin ne nous protégera de ses impacts. Nous, décideurs politiques européens, chefs d’entreprise, d’associations d’entreprises, de syndicats et de groupes de réflexion et de parties prenantes, appelons les Etats-Unis à être à la hauteur de leurs ambitions en adoptant un objectif climatique de réduction d’au moins 50 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport au niveau de 2005).

Climat : les Etats-Unis veulent entrer dans une nouvelle ère

Nous pouvons nous appuyer sur notre longue histoire commune et sur cette nouvelle vision partagée pour créer un mouvement mondial et accompagner la transformation de nos sociétés vers un nouveau modèle de prospérité. Avec des économies neutres en carbone et une biodiversité préservée, nous avons le potentiel pour créer des emplois et améliorer la qualité de vie de nos citoyens. Nous avons l’opportunité de construire une nouvelle coopération transatlantique dont l’objectif central est l’atteinte de la neutralité carbone.

Ainsi, nous appelons les Etats-Unis à faire preuve d’audace et d’ambition, au même titre que l’Europe avec son Pacte vert européen. Nous nous engageons à renforcer notre coopération pour avancer ensemble vers la neutralité carbone. Il s’agit d’une opportunité unique, alors ne la ratons pas !

Cette tribune collective, portée par Pascal Canfin, président de la commission de l’environnement au Parlement européen est cosignée par 100 décideurs européens :

Jon Abrahamsson Ring, CEO d’Inter Ikea Group ; Nikos Avlonas, président du Centre for Sustainability and Excellence ; Bertrand Badré CEO Blue like an Orange sustainable capital ; Jean-Louis Bal, président (SER) ; Julie Beaufils, « general secretary » d’EuropeOn ; Christophe Beck, CEO d’EcoLab ; Marc Berg, CEO de Free Now Group ; Stéphane Bijoux, député européen (Renew Europe) ; Ing Leonhard Birnbaum, CEO d’E.ON ; Gilles Boyer député européen (Renew Europe) ; Matt Brittin, président EMEA Business & Operations Google ; Jesper Brodin, CEO d’Ingka Group (Ikea) ; Sylvie Brunet, députée européenne (Renew Europe) ; Thomas Buberl, CEO d’AXA ; Christopher Burghardt, président de ChargeUp Europe ; Delara Burkhardt, députée européenne au groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates ; Bertrand Camus, CEO de Suez ; Catherine Chabaud, députée européenne (Renew Europe) ; Mohammed Chahim, député européen au groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates ; Olivier Chastel, député européen (Renew Europe) ; Niels B. Christiansen, CEO de Lego Group ; Armond Cohen, « executive director » de Clean Air Task Force ; Omar Cordes, CEO d’Ownership capital ; Paul-Adrien Cormerais, CEO de Pony ; Pierre-André de Chalendar, CEO de Saint Gobain ; Pascal Demurger, CEO de la Maif ; Massimo di Tria, « chief investment officer » de Società Cattolica di Assicurazione ; Sandrine Dixson-Declève, coprésidente du Club de Rome ; Philippe Donnet, CEO d’Assicurazioni Generali ; Pascal Durand, député européen (Renew Europe) ; Bas Eickhout, député européen (Verts) ; Fabienne Keller, députée européenne (Renew Europe) ; Laurence Farreng, députée européenne (Renew Europe) ; Pierroberto Folgiero, CEO de NextChem et de CEO Maire Tecnimont Group ; Antoine Frérot, PDG de Veolia ; Ignacio S. Galán, PDG d’Iberdrola S.A. ; Michel Giannuzzi, PDG de Verallia ; Jean-Pierre Grimaud, directeur général d’Ofi Asset Management ; Catherine Guillouard, PDG de la RATP ; Lars Hanseid, président EMEA de 3M Company ; Bjørn Kjaerand Haugland, CEO de Skift Business Climate Leaders ; Gerbrand Haverkamp, « executive director » de World Benchmarking Alliance ; Valérie Hayer, députée européenne (Renew Europe) ; Helena Helmersson, CEO de H & M Group ; Martin Hojsik, député européen (Renew Europe) ; Peter Hug, « managing director », eu.bac European Building Automation and Controls Manufacturers Association ; Thomas Ingenlath, CEO de Polestar ; Alan Jope, CEO d’Unilever ; John Keppler, CEO d’Enviva ; Christoph Klein, « managing partner » d’ESG Portfolio Management ; Michaela Koller, « director general » d’Insurance Europe ; Nikos Koumettis, Europe President, Coca-Cola in Europe ; Gregory Labrousse, président de namR ; Pascal Lamy, coordinateur du du think tank Jacques Delors ; Christian Levin, PDG de Scania CV AB ; Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF ; Peter Liese, député européen (Démocrates-Chrétiens) ; Javi Lopez, député européen au groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates ; Gauthier Louette, PDG de Spie ; Cesar Luena, député européen au groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates ; Thierry Mallet, CEO of Transdev Group ; Andrea Mariani, « director » de Fondo Pegaso ; Karen Melchior, députée européenne (Renew Europe) ; Silvia Melegari, secrétaire général de CEI-Bois ; Dirk Meuleman, CEO de Phenix Capital ; Iskra Mihaylova, députée européenne, vice-présidente du groupe Renew Europe ; Jan Moström, PDG de LKAB ; Manfred Mühlberger, « chairman » d’Ecopreneur.eu ; Frédéric Nadal, directeur général de MV Credit ; Sabine Nallinger, directrice générale de la Fondation 2° ; Jutta Paulus, députée européenne (Verts) ; Diego Pavia, CEO d’EIT InnoEnergy ; Yves Perrier, directeur général d’Amundi ; Morten Helveg Petersen, député européen (Renew Europe) ; Bertrand Piccard, président de Solar Impulse Foundation ; Sirpa Pietikäinen, députée européenne (Démocrates-Chrétiens) ; Paul Polman, Chair, Imagine ; Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom ; Luc Prayssac, président de RAIR ; Jürgen Reinert, CEO de SMA Solar Technology AG ; Eric Rondolat, directeur général de Signify ; Giuseppe Santoro, « chairman » d’Inarcassa ; Günther Schiendl, membre du conseil exécutif de VBV Pensionskasse ; Annamaria Seganti, membre du conseil d’administration de Cassa Forense ; Jean-Dominique Senard, président du groupe Renault ; Francesco Starace, CEO d’Enel ; Markus Steilemann, CEO de Covestro ; Ana Struna Bregar, CEO de CER ; Irène Tolleret, députée européenne (Renew Europe) ; Enrique Tombas Navarro, CEO de Suma Capital SGEIC SA ; Nils Torvalds, député européen (Renew Europe) ; Costas Travasaros, président de Solar Heat Europe/Estif ; Pierre Valentin, président du directoire d’Ecofi ; Maarten van Dijk, CEO de SkyNRG ; Peter Vanacker, PDG de Neste Corp ; Marie-Pierre Vedrenne, députée européenne (Renew Europe), vice-présidente du comité commerce international ; Viñuales Víctor, « executive director » d’Ecodes ; Michael Villa, « executive director » de smartEn ; Ludovic Voet, secrétaire confédéral de la Confédération européenne des syndicats (CES) ; Andrea Voigt, « director general » d’EPEE ; Pernille Weiss, députée européenne (Démocrates-Chrétiens) ; Eliot Whittington, « director », Corporate Leaders Groups et Philippe Zaouati, directeur général de Mirova.